Kristine Opolais fait partie de ces chanteuses qui marquent de leur personnalité les rôles dans lesquels elles choisissent de se fondre. Au-delà des possibilités vocales, il y a un engagement entier de l’être qui, le plus souvent, donne lieu à une présence incandescente sur scène.

Nous retrouvons cette énergie si spéciale et cette sincérité rare lorsque nous rencontrons la soprano au lendemain de ses débuts à l’Opéra national de Paris dans le rôle de Rusalka. Une étape importante pour une interprète déjà adoptée par les plus grandes maisons d’opéra, du Met à Covent Garden en passant par La Scala.

Tutti-magazine : Vous venez de faire vos débuts sur la scène de l’Opéra de Paris. Dans quel état d’esprit vous trouvez-vous quelques heures après ?

Kristine Opolais : Parmi les aspects les plus importants qui suscitent en moi l’envie de revenir chanter dans une maison d’opéra, il y a les gens qui font tourner le théâtre, ceux qui font que le spectacle peut avoir lieu. S’ils sont intelligents et gentils et font en sorte de vous donner l’impression que vous êtes chez vous, cette qualité d’accueil fait que j’ai envie de revenir. Le second point capital est le public, ma capacité à l’appréhender et la façon dont je le sens. J’ai le sentiment que certains artistes, dont je fais partie, ne peuvent parvenir à se surpasser que s’ils ne sont capables d’établir une relation avec le public, un public par essence différent en fonction du théâtre ou du pays. Parfois, je ressens instantanément cette alchimie, comme à Munich ou au Met. D’autres fois, la relation se manifeste lorsque je viens chanter une seconde fois. J’ai alors le sentiment de construire mon rapport avec le public. Tout part bien sûr des sensations que j’éprouve en scène, de ce que je ressens globalement…
Les gens qui travaillent à l’Opéra Bastille sont des anges, ils aiment les artistes et je l’ai senti aussitôt que je suis arrivée. La qualité de l’accueil que l’on m’a réservé fait que je serai heureuse de revenir. Une très bonne énergie circule dans ce théâtre et les gens la relayent. Quant à ma relation avec le public, elle n’est pas encore construite mais je suis certaine qu’elle le sera dans le futur.

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